Pièces d’orgue & musique sacrée
Alexandre Pierre François Boëly (1785-1858)
Félix Danjou — François Louis Perne
D’Alexandre Pierre François Boëly, les amateurs de musique d’orgue connaissent surtout la fameuse Fantaisie & Fugue en si bémol. Boëly compta pourtant parmi les grands compositeurs français de la première moitié du xixe siècle, et fut l’un des meilleurs pianistes et organistes de son temps. Son œuvre pour orgue, très vaste, est multiforme : ancrée dans la tradition française d’Ancien Régime (versets d’alternance et pièces diverses destinées à la liturgie), inspirée par l’écriture d’un Bach redécouvert avec émerveillement (Chorals, Préludes sur des Noëls, Canons, Fugues et Fughettes), ou encore destinée au concert (grandes pièces de style romantique pour le piano-pédalier ou pour l’orgue).
Avec Dominique Vellard et l’Ensemble Gilles Binchois, nous avons souhaité composer un panorama qui témoigne de la vitalité et de la diversité de son œuvre d’orgue, replacée dans le contexte du chant ecclésiastique à l’heure de la réforme des maîtrises de cathédrales. Les voix s’associent à l’orgue pour faire revivre l’art de Boëly, en cette époque charnière de la monarchie de Juillet où se côtoient l’héritage classique et la modernité romantique, et révéler deux de ses pairs et amis, Félix Danjou et François Louis Perne.
Dominique Vellard, ténor
Jacques Bona, baryton
Philippe Balloy, baryton
Renaud Delaigue, basse
Orgues historiques de la Collégiale de Dole
et de la Basilique de la Daurade à Toulouse
Programme ▴
[1] | Rentrée de la Procession (op. 42 no 14) | 1′44 |
[2] | Prélude d’orgue à 2 claviers séparés (op. 18 no 2) | 2′58 |
[3] | Antienne Rorate cœli | 5′12 |
[4 – 7] | Quatre Noëls | 5′48 |
Ô jour ton divin flambeau | ||
Vous qui désirez sans fin (op. 42 no 4) | ||
Noël Suisse | ||
Noël Lorrain : Grâce soit rendue | ||
[8] | Antienne Alma redemptoris | 4′11 |
[9 – 14] | Six Pièces | 10′41 |
Fugue, plein-jeu (1857) | ||
Duo (op. 41 no 5) | ||
Quatuor à 2 claviers séparés (op. 10 no 12) | ||
Dialogue du Cornet et du Basson (op. 35 no 8) | ||
Grand chœur (op. 10 no 4) | ||
Tierce en taille (op. 12 no 8) | ||
[15] | Hymne Stupete gentes | 7′19 |
Hymne du 5e ton (op. 37 no 8) | ||
Fughetta (op. 37 no 10) | ||
Trio à dessus de cromorne et basse de tierce (op. 37 no 11) | ||
Fugue du 5e ton, à 2 sujets (op. 36 no 3) | ||
[16 – 17] | Kyrie – Gloria (Félix Danjou, 1812-1866) | 5′07 |
[18] | Allegro ma non troppo, en fa mineur (op. 18 no 7) | 2′49 |
[19 – 20] | Sanctus – Agnus Dei (François Louis Perne, 1772-1832) | 5′14 |
[21] | Andante con moto, en mi bémol majeur (op. 18 no 1) | 3′26 |
[22] | Fantaisie & Fugue en si bémol (op. 18 no 6) | 5′15 |
[23] | Motet Salve Regina | 2′39 |
[24] | Versets pour l’Hymne Pange lingua | 5′41 |
Pange lingua (op. 42 no 7) | ||
Canto fermo figurato nella parte acuta (op. 41 no 13) | ||
Trio sur la voix humaine (Tantum ergo, op. 36 no 5) | ||
Fughetta (op. 42 no 8) | ||
[25] | Antienne Ave verum (op. 36 no 10) | 3′32 |
[26] | Toccata en si mineur (op. 43 no 13) | 3′58 |
Un art de la synthèse ▴
Familier autour de 1830 de l’orgue de Saint-Gervais de Paris puis titulaire, de 1840 à 1851, de celui de Saint-Germain-l’Auxerrois, Alexandre Boëly a laissé aussi bien des œuvres suscitées par ces deux instruments d’Ancien Régime (dus à François Henri Clicquot et dont l’esthétique post-classique fut accentuée par Pierre François et Louis Paul Dallery) que des pièces plus novatrices dédiées au piano-pédalier – dont il était un praticien assidu – et jouables sur les orgues d’esthétique nouvelle de Abbey, de Daublaine-Callinet, de Ducroquet-Barker ou du jeune Cavaillé-Coll.
La sélection des œuvres au programme de cet enregistrement et le choix des instruments pour les interpréter ont voulu être fidèles aux deux approches du compositeur. L’orgue de Dole, synthèse entre l’art classique français et un grand chœur d’anches installé à la veille de la Révolution, permet de traduire les registrations post-classiques pratiquées par Boëly à l’orgue de Saint-Gervais, puis à celui de Saint-Germain-l’Auxerrois avant sa transformation en 1848-1850 par la maison Ducroquet. La palette sonore de celui de Toulouse est quant à elle conforme – ô combien – à la tradition nouvelle apprise par ses auteurs lorsqu’ils travaillaient au sein de la manufacture parisienne Daublaine & Callinet : cet instrument d’esthétique pleinement romantique autorise sans difficulté l’interprétation des grandes pièces op. 18 ou 43, « pour orgue avec pédale obligée, ou piano à clavier de pédales ».
L’œuvre pour orgue de Boëly était en partie inédite à l’époque de l’enregistrement : les publications de 1842-1847 et 1856 étaient bien sûr épuisées, tout comme l'étaient les éditions posthumes de 1860 ou la très belle anthologie préparée par Alexandre Guilmant et publiée après sa mort, en 1912. Pour établir la sélection du programme, j’ai pu consulter – heureux souvenir que celui de tant d’explorations – l'ensemble des partitions, réparties entre la Bibliothèque nationale (éditions originales des op. 9, 10, 11 et 15, et collections posthumes réunies par Richault en op. 35 à 45), la Bibliothèque de la ville de Versailles (manuscrits autographes) et deux collections privées (éditions originales des op. 12 et 18). La lecture de ces partitions a révélé un univers coloré, chatoyant, vivant, montrant à l’œuvre un musicien écrivant aussi bien des pièces brèves conçues au jour le jour – et avec passion et fidélité pour « ses » orgues de Saint-Gervais et de Saint-Germain – pour les besoins du service liturgique, que des œuvres de haute virtuosité destinées au salon ou au concert.
De la tradition d’Ancien Régime …La première partie du programme s’organise autour des périodes liturgiques de l’Avent, de la Nativité et de la Purification. Plusieurs pièces ont été écrites explicitement pour Saint-Gervais de Paris : la pièce sans titre de 1832 (nommée Andante maestoso op. 42/14 par l’éditeur Richault mais rebaptisée pour notre programme Rentrée de la procession, genre en vogue à cette époque) requiert le 3e clavier dit de Bombarde de l’orgue de François Henri Clicquot ; le Prélude d’orgue op. 18/2 (1835) fait appel au Cromorne ou au Jeu de tierce du Positif joués en taille sous les Flûtes du grand clavier, le Quatuor op. 10/12 superpose le Hautbois du Récit au jeu de Basson (installé au Positif de Saint-Gervais par Pierre François Dallery en 1813), et le verset de Gloria op. 35/8 fait dialoguer ce même Basson avec le Cornet du Récit. À Dole, ces parties de basson ont été jouées sur le jeu de Voix humaine du Positif, d’une construction particulière à double cône proche de celle du Basson de Saint-Gervais.
En ses registrations, Boëly est fidèle aux usages de son époque, également applicables à l’orgue de Saint-Germain l’Auxerrois et codifiés par Guillaume Lasceux (Essai Théorique et Pratique sur l’Art de l’orgue, 1809), Jacques Marie Beauvarlet-Charpentier (Théorie d’orgue […], vers 1830) ou Alexandre Fessy (Manuel d’orgue […], vers 1851). D’autres pièces en témoignent : le Duo op. 41/5 sur la Trompette du Positif et le Cornet du Récit, la Fughetta op. 37/10 sur le Cromorne avec les fonds, le Trio op. 37/11 « à dessus de cromorne et basse de tierce », le plain-chant en basse op. 37/8 joué sur le grand plein-jeu et la batterie d’anches en 16′ à la Pédale, les fugues sur le grand chœur sans les fonds… Seule la mention plein-jeu, placée devant la Fugue publiée en 1857 dans Le musée de l’organiste par Georges Schmitt, relève d’une pratique non conforme en France pour cette forme d’écriture : faut-il y voir, de la part de ce collègue d’origine allemande, titulaire du grand orgue de Saint-Sulpice, une suggestion « germanisante » volontiers accueillie par un Boëly admirateur de Bach ? À moins que, plus simplement, il ne s’agisse de la traduction littérale par Schmitt de Volles Werk qui correspondrait, sur un orgue français, au grand chœur et non au plein-jeu : subtile contradiction qui laisse l’interprète libre de choisir…
L’accompagnement en basse chiffrée de l’antienne Rorate cæli appartient au matériel personnel du Boëly organiste liturgique ; et l’alternance voulue par lui pour l’antienne Alma redemptoris a été reconstituée d’après les parties d’orgue des Antiennes à la Vierge et leurs versets chantés avec basse continue, retrouvés épars parmi ses manuscrits conservés à Versailles.
… aux pièces de Style moderne …La seconde partie de l’enregistrement jouée à Toulouse présente quelques grandes œuvres appartenant, selon l’expression liminaire indiquée parfois par Boëly, à son Style moderne. Sur le plan sonore, ces œuvres plus novatrices s’adressent, si on les joue à l’orgue, aux instruments d’esthétique romantique qui commençaient à poindre autour de 1840 à Paris. Mais elles nécessitent un pédalier montant jusqu’au au mi3, étendue inconnue pour les orgues de cette époque en France, pas même approchée en 1841 pour le nouvel orgue de la Basilique de Saint-Denis dont le pédalier, pourtant à l’allemande, ne dépassait pas le fa2. Tout porte à croire que ces œuvres véloces destinées au concert ou au salon et dépourvues de la moindre indication de registration, ont été pensées d’abord pour le piano-pédalier, dont certains modèles offraient justement l’ambitus requis. L’orgue de Saint-Germain-l’Auxerrois ne connut pas ce développement du vivant de Boëly : son pédalier de 1771 – resté à la française avec un ambitus La0-fa2 – fut porté à l’ut3 à sa nomination en 1840 (mais peut-être pas encore refait à l’allemande si l’on en croit le dessin bien connu montrant Boëly à cette console) et maintenu dans cette étendue par la maison Ducroquet lors des travaux entrepris en 1848.
L’intitulé des éditions originales apporte un éclairage intéressant : l’orgue est mis en avant, sans doute pour faciliter la diffusion des ouvrages, mais le piano-pédalier est bien là. L’opus 18 publié en 1856 (donc encore du vivant de Boëly) présente 12 pièces pour Orgue avec Pédale obligée, ou Piano à Clavier de Pédales, et les publications de l’éditeur Richault en 1860 annoncent pour les op. 43 à 45 la Collection des œuvres posthumes pour Orgue à Pédales ou Piano à trois Mains (pour des raisons qui sont peut-être d’ordre commercial, Richault n’ose plus indiquer « piano à pédales »). Certaines œuvres contenues dans ces derniers recueils sont d’ailleurs des adaptations de pièces dédiées initialement au piano par Boëly ou des transcriptions de trios à cordes de Haydn ou Beethoven et, dans bien des cas, des indices plaident en faveur du piano : les indications de dynamique, l’utilisation du pédalier au-delà du do3, ou la disposition serrée entre pédalier et main gauche ou dans les parties à double pédale, à la sonorité magnifique au piano mais d’effet problématique à l’orgue.
Brigitte François-Sappey en ses ouvrages de référence a démontré que Boëly possédait un piano-pédalier au moins dès la fin des années 1830 ; mais on ignore tout de la facture de cet instrument. Boëly a-t-il connu et joué le grand modèle de Pierre Érard – au pédalier montant précisément jusqu’au fameux mi3 – suscité par Franz Liszt, et présenté aux Expositions universelles de 1851 à Londres puis de 1855 à Paris ? La parution des 12 Pièces op. 18 suit de peu ces évènements …
Bien entendu, nous ne devons pas pour autant nous priver de faire sonner à l’orgue des chefs-d’œuvre comme la Fantaisie & Fugue op. 18/6 ou le très schumannien Allegro ma non troppo en fa mineur op. 18/7. La Toccata op. 43/13 en si mineur, qui conclut l’enregistrement, semble elle aussi avoir été pensée originellement pour le piano : l’autographe – dédié à Camille Saint-Saëns – porte l’intitulé Prélude pour le piano avec basses de pédales, qui devient Toccata pour le Piano avec clavier de pédales, obligé ; ou pour Orgue dans l’édition posthume.
… en passant par l’hommage aux maîtres anciensParallèlement à l’action de Mendelssohn à Berlin pour ressusciter la Passion selon saint Matthieu de Bach, Boëly fut le pionnier, à Paris, de la redécouverte de la musique pour clavier du Cantor dont il copiait soigneusement et jouait, autour de 1830, les grands Préludes & Fugues, les Sonates en trio, les Suites anglaises ou encore l’Art de la fugue. Dans un contexte extraordinairement favorable aux répertoires anciens – l’éditeur Aristide Farrenc (1794-1865) publia par exemple des éditions monumentales de musique des xviie et xviiie siècles pour clavier qui ne font rien envier aux éditions Urtext d’aujourd’hui – Boëly réalisa une magnifique copie des deux Messes pour orgue de François Couperin et jouait aux offices et en privé, comme en témoignent ses nombreux feuillets conservés à Versailles, aussi bien Louis Couperin, Gigault, Pachelbel, Kirnberger, Albrechtsberger, Martini, que Haendel ou Bach. Certaines de ses compositions se ressentent de sa culture éclectique : on perçoit Haydn dans les Offertoires op. 9 ou le Quatuor op. 12/10, Rameau, Dandrieu ou les derniers Couperin dans la Messe du jour de Noël op. 11, le Noël Suisse de 1832 ou l’Offertoire du Jour de Pâques op. 38/10, et les contrapuntistes germaniques dans nombre de ses Fugues et Fughettes.
La fascination qu’exerçait sur Boëly l’écriture polyphonique pour clavier de Bach lui a inspiré un certain nombre d’œuvres, dont une essentielle : le recueil des splendides Quatorze Préludes ou Pièces d’orgue avec pédale obligée composés sur des Cantiques de Denizot (au 16e siècle) op. 15, publiés en 1847. Boëly a porté là un soin extrême aux contours du contrepoint, et l’on sent la quintessence de son art s’exprimer à travers ces miniatures pour le Temps de Noël, à l’instar de l’Orgelbüchlein pour Bach ou des onze Choralvorspiele pour Brahms. D’autres œuvres quant à elles non publiées du vivant de Boëly puisent également au style de Bach, comme l’Offertoire pour la Messe du Jeudi Saint op. 40/4, les Préludes de chorals de 1847, les Messes et Versets à 4 parties avec plain-chant au soprano, de 1848-1849, les nombreuses Fugues et Fughettes, sans oublier sa version achevée du dernier Contrepoint de l’Art de la Fugue (1833).
L’espace a manqué sur ce disque pour pouvoir associer la richesse des quatorze Préludes op. 15 au reste du programme, d’autant plus que je ne souhaitais pas fragmenter, en étant contraint de n’en retenir que deux ou trois extraits, ce qui m’apparaissait comme un ensemble cohérent devant rester tel. Toutefois, quelques pièces illustrant ce visage de l’œuvre de Boëly y figurent : l’antienne Alma redemptoris, les trois Noëls de 1846, la Fugue sur l’Hymne Stupete gentes op. 36/3 (1819), une autre Fugue publiée en 1857, ainsi que des pages attachantes et inédites tirées du vaste répertoire constitué par Boëly pour les vêpres et les saluts du Saint-Sacrement : Pange lingua et Ave verum.
notre-dame de Dole ▴
François Callinet (1787)
Joseph Stiehr (1830)
Xavier Stiehr et Félix Mockers (1854-1856)
Philippe Hartmann (1959-1963)
Karl Joseph Riepp, facteur originaire de Souabe installé à Dijon, fut chargé en 1750 d’élever un grand orgue neuf de seize pieds sur la tribune Renaissance de la collégiale de Dole. Les somptueux buffets dessinés par Riepp furent réalisés par les ateliers locaux des ébénistes Attiret et du sculpteur Michel Devosges. Achevé en 1754, l’instrument était alors riche d’une quarantaine de jeux distribués sur quatre claviers et un pédalier. Il fut réparé en 1778 par Joseph Rabiny, puis restauré en profondeur à la veille de la Révolution par François Callinet : c’est en 1787 en effet que ce célèbre organier, revenu en Bourgogne après plusieurs années passées auprès du facteur parisien Pierre Dallery, installa l’extraordinaire chœur d’anches qui suscite aujourd’hui encore tant d’admiration.
L’instrument fut ensuite agrandi en deux étapes par la maison Stiehr, établie à Seltz (Alsace du Nord), dans une parfaite continuité de facture au regard de celle du xviiie siècle : en 1830 d’abord, Joseph Stiehr ajouta un grand Récit de 14 jeux, le premier de cette importance dans l’histoire de l’orgue français ; puis en 1856, son frère Xavier associé à leur beau-frère Félix Mockers enrichirent encore l’instrument d’un quatrième clavier dit d’Écho, à la tuyauterie de construction toute classique. L’orgue Riepp-Callinet passa ainsi de 44 à 62 jeux tout en conservant l’essentiel de son matériel et de son harmonie. Il n’a fait par la suite l’objet d’aucune opération importante jusqu’aux travaux de sauvegarde effectués de 1959 à 1963 par Philippe Hartmann, intervention qui remit en valeur le fond sonore de Riepp et de Callinet tout en respectant heureusement une grande partie des magnifiques apports des frères Stiehr. Synthèse subtile entre l’art classique de Riepp, le chœur d’anches post-classique de Callinet et l’esthétique préromantique introduite par Stiehr, l’orgue de Dole compte parmi les instruments historiques d’Europe les plus précieux et les plus bouleversants.
i Positif de dos | ii Grand-orgue | iii Récit expressif | iv Écho expressif | Pédale |
---|---|---|---|---|
54 notes C-f ′′′ | 54 notes C-f ′′′ | 54 notes C-f ′′′ | 49 notes F-f ′′′ | 25 notes C-c′ |
Montre 8 (°) Bourdon 8 (°/**) Prestant 4 (°) Flûte 4 (°/*) Nazard 22⁄3 (*) Doublette 2 (*) Tierce 13⁄5 (*/+) Fournitur cimballes iv (°) Cornet v d. ut3 (°) Trompette 8 (°°°) Clairon 4 (°°°) Cromhorn 8 (°°°) Voix humaine 8 (**) [ex Récit] |
Montre 16 (°) Bourdon 16 (°) Montre 8 (°) Bourdon 8 (°) Prestant 4 (°) Grosse Tierce 31⁄5 (*/+) Nazard 22⁄3 (*/+) Doublette 2 (°) Quarte 2 (°) Tierce 13⁄5 (*/+) Fournitur v (°/°°) Cimballes iii (°) Gr. Cornet v d. sol2 (°/**) Bombarde 16 (°°°) 1re Trompet 8 (°°°) 2e Trompet 8 (°°) Clairon 4 (°°°) |
Bourdon 16 Sol1 (*) Montre 8 (*) Bourdon 8 (*) Flûte [conique] 8 (*) Prestant 4 (*) Flûte 4 (*) Flûte 2 (°°°/*) Larigot 11⁄3 (*/+) Sifflet 1 (*/+) Cor Anglais et Basson 8 Sol1 (**) Hautbois 8 d. sol2 (°°°) Clarinette 8 Sol1 (*) Clairon 4 [ex 2e Tromp. 8 Pos.] (**) Jeux actuellement débranchés : Flûte forte 8 ii d. sol2 (*) Cornet iv d. sol2 (*) |
Montre 8 (**) Bourdon 8 (°/**) Flûte 4 (*/**/+) Flûte 2 (*/**/+) Trompette 8 d. fa2 (**) Hautbois 8 d. fa2 (**) Voix humaine 8 (*) |
Flûte 16 (*) Contre Bas 16 (*) Flûte 8 (°) Violoncelle 8 (**) Prestant 4 [ex 8′] (*/+) Gambe 2 [ex 4′] (*/+) Bombarde 16 (°/°°°) Trompette 8 (°/°°°) Clairon 4 (°°°) |
Tiroir I/II – Tiroir III/II – Tremblant doux Écho Diapason : 420 Hz pour le la3 – Tempérament légèrement inégal (1963) |
(°°) Rabiny 1778
(°°°) Callinet 1787
(*) Stiehr 1830
(**) Stiehr-Mockers 1856
(+) Hartmann 1959-1963
Sommiers de 1754 au Grand-orgue et à l’Écho (ancien sommier du Positif),
de 1830 au Récit et à la Pédale, et de 1856 au Positif.
La Daurade — Toulouse ▴
Boisseau-Cattiaux (1992)
En 1861, la paroisse de la Daurade passa commande d’un grand orgue de 42 jeux aux facteurs Émile Poirier et Nicolas Lieberknecht, installés à Toulouse après avoir travaillé pour le compte de la maison Daublaine-Callinet. Ces facteurs réalisèrent à la Daurade un véritable chef-d’œuvre de la facture romantique, mêlant avec bonheur la grande tradition classique (tuyaux coupés au ton, grand Plenum de 16′, cornets et chœur d’anches de grand caractère) et les évolutions de l’esthétique romantique (grand Récit expressif avec tuyaux à entailles de timbre, jeux à anches libres et Flûtes harmoniques, machines Barker, jeux gambés à l’harmonie très distinguée). Ils incorporèrent à leur nouvel orgue une partie non négligeable de la tuyauterie de l’orgue précédent, composé de 1815 à 1824 de matériel d’occasion provenant en particulier de l’Abbaye de Longages ; le buffet monumental intègre lui aussi de nombreux éléments antérieurs. Cet instrument réalisé avec un sens artistique et un soin tous deux hors du commun fut inauguré en 1864 par Louis James Alfred Lefébure-Wély.
L’orgue Poirier-Lieberknecht subit à partir de 1897 plusieurs dénaturations dues à Jean-Baptiste puis Maurice Puget : pneumatisation du Récit et de la Pédale, transformation de trois jeux et suppression d’une partie du Plein-jeu du Positif. Ces atteintes, heureusement trop peu nombreuses pour altérer l’intégrité stylistique de l’instrument, furent corrigées lors de la restauration confiée en 1992 à Jean-Loup Boisseau et Bertrant Cattiaux. L’orgue de la Basilique de la Daurade compte parmi les fleurons du patrimoine instrumental de la ville de Toulouse : il est considéré à juste titre comme l’un des plus beaux instruments français de la période romantique.
i Positif de dos | ii Grand-orgue | iii Récit expressif | Pédale |
---|---|---|---|
54 notes C-f ′′′ | 54 notes C-f ′′′ | 54 notes C-f ′′′ | 25 notes C-c′ |
Montre 8 (*) Bourdon 8 (*) Salicional 8 Prestant 4 Salicional 4 (*) Doublette 2 (*) Plein-jeu v (*) Trompette 8 Euphone 8 Clairon 4 |
Montre 16 Bourdon 16 (*) Flûte 8 (*) Bourdon 8 (*) Flûte harmonique 8 Salicional 8 Prestant 4 Doublette 2 (*) Fourniture iv (*) Cymbale iii (*) Cornet v d. ut3 (*) Bombarde 16 (*) Trompette 8 Clairon 4 (*) |
Kéraulophone 8 Flûte harmonique 8 Gambe 8 Voix céleste 8 Flûte octaviante 4 Octavin 2 Cornet v d. ut3 (*) Cor anglais 16 Trompette 8 Basson-Hautbois 8 Voix humaine 8 (*) Cromorne 4 (*) |
Contrebasse 16 (*) Basse 8 (*) Octave 4 (*) Bombarde 16 Trompette 8 (*) Clairon 4 (*) |
I/II – III/II – I/II en 16′ – III/II en 16′ – II/P (30 notes C-f ′) – Expression à cuiller Appel GO – Anches GO (b./d.) – Anches Positif – Anches Récit (b./d.) – Anches Pédale – Orage Diapason : 435 Hz pour le la3 – Tempérament égal |
Presse ▴
[…] Rien n’est évident quand on se risque à défendre un répertoire de transition dont l’expression peut à juste titre paraître surannée ou décevante en comparaison de glorieux prédécesseurs ou de brillants successeurs. Mais le bonheur est total tant François Ménissier sait faire partager l’effusion sincère qui émane de ces pages ou trouver une grandeur émouvante dans les pièces de style « moderne ». Certes les orgues romantiques de Dole et de Toulouse déploient d’emblée une séduction sonore magique, mais le toucher de l’organiste sait les faire sonner avec une précision d’articulation et un moelleux admirables. La fusion entre style classique et symphonique est totale et situe l’ensemble dans un esprit à la fois fervent et mesuré très en accord avec la personnalité modeste et exigeante du compositeur.
L’ensemble vocal de Dominique Vellard sait comme à l’habitude se fondre avec bonheur dans le cadre expressif suggéré par les interventions instrumentales.
Voici le quatorzième CD Tempéraments, et le quatrième coup de cœur : aucune collection ne peut se vanter d’un tel score. […] Je ne sais que vanter le plus dans ce superbe enregistrement : deux orgues de toute première grandeur, accordés à la perfection, des interprètes remarquables, une musique à laquelle il faudra bien que le grand public, alerté par ce CD, donne enfin une place plus importante dans l’histoire de la musique d’orgue. Boëly, personnage extraordinaire, étant connu jusqu’ici seulement par quelques spécialistes, entre autres grâce au travail de Brigitte François-Sappey, qui signe une partie du livret. […] Je ne dis rien en détail des interprétations, car il n’y a rien à en dire d’autre que : parfait, à écouter, absolument.